L'atelier d'écriture n°186 de Leiloona : Un moulin, des souvenirs, des vacances

Publié le par victor

Une photo colorée de MamanBAOBAB
Une photo colorée de MamanBAOBAB

Ce moulin à vent me fait penser à beaucoup de choses à la fois. Les fleurs. Ou plutôt la fleur qui a éclos le jour de la naissance de ma fille Lili. Une jolie rousse aux yeux verts. Elle était très gentille et attentionnée. Elle a toujours fait passer son bonheur après celui des autres. Son rêve était de participer à un salon du livre. Elle voulait rencontrer ses auteurs favoris comme John Green, J.K. Rowling, Erik L'Homme, Anne-Laure Bondoux, Jean-Claude Mourlevat ou encore Ludovic Lecomte. Elle ne le pourra plus. Le nom de moulin à vent me rappelle aussi nos vacances à Ouessant. Les seules que nous avons passées tous ensemble. En même temps, avec un salaire d'éboueur et de profs, on ne croule pas sous les pièces de monnaie. Mais nous avions réussi à économiser assez de frics pour nous offrir une semaine dans cette petite île de Bretagne. Dans un petit hôtel "pépère" comme le disait si bien ma petite rousse. Ce sont les plus belles vacances que j'ai passées dans ma vie. Tous les jours, nous allions à la plage pour nous baigner puis bronzer sous le soleil brûlant. Nous avions l'air fin, avec nos serviettes démodées complètement décousues. Après, c'était construction de château de sables. Sous toutes ses formes. Aussi bien classiques qu'abstraites ou un peu casse-gueule. Nous avons par la suite visité un moulin. C'est la dernière photo que je possède et ou nous somme tous ensembles. Puis Lili a commencé à se faire des copines. En particulier une certaine Célia. C'est à cause de cette dernière que l'enfer a commencé. Venant tout le temps chercher Lili, ses parents ont décidé de nous inviter à l'apéro. Ils étaient sympas, mais terriblement vantards. Entre la mère qui donnait des conseils à ma femme, tout le repas, sur l'éducation à l'école car elle serait principale d'un lycée et le père qui se passait tout le temps la main dans les cheveux soigneusement peignés et qui parlait avec un accent latino, nous avions la paire. Après une longue discussion, nous partîmes vers une heure du matin, sans un dernier conseil de madame Je-Sais-Tout. Puis le jour du départ arriva. Nous dûmes partir tôt pour éviter les bouchons et pour que mon amour puisse se reposer avant la reprise, qui était le lendemain. C'est pendant que Lili dormait que l'autre greluche s'est décidée à m'expliquer. Elle voulait que l'on divorce car elle était tombée sous le charme de l'autre Latino de mes deux. Le choc ou la haine je ne sais pas. Je pense que c'est un mixe des deux qui a fait que j'ai tourné brusquement à droite et que je suis venu percuter à cent kilomètre à l'heure le beau chêne qui se trouvait là par hasard. L'autre charmeuse de Latino est morte sur le coup, et c'est tant mieux. Mais j'ai tout fait pour sauver ma Lili. Sortant de la voiture en titubant, je suis venu récupérer son petit corps de princesse inanimée, mais la ceinture est resté bloquée. Et c'est ainsi que le doyen de la forêt est venu s'aplatir sur l'arrière de la voiture, emportant ma Lili dans un sommeil éternel. La cause officielle des deux décès est une perte de contrôle du véhicule. Tous les témoins oculaires de la scène l'ont certifié. Mais je sais qu'au fond de moi, ce n'était pas un accident, et je suis sûr qu’à cette heure-ci, je devrais être sous les verrous pour un double meurtre.

Publié dans écriture

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N
grrrrr.... très beau texte où tu parviens à nous faire nous demander si ton histoire est réelle tellement tu écris dans le vrai ! bravo ! ;)
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A
Quel texte ! il est très très difficile, mais efficace... très bien écrit aussi, j'en ai des frissons !
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V
Merci beaucoup pour tous vos commentaires malgré la... lourdeur de ce texte
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V
Wouah...c'est....terrifiant. Mais tellement bien écrit.
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L
Oh punaise ! :-o <br /> <br /> Brrrr ...
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